Énergies et histoires parisiennes
Séance 2 : Norme et projet.
Les calculs de Diagnostic de performance énergétique (DPE) de bâtiments publics parisiens ont permis de collecter un nombre important de données sur la grande variété d’énergies disponibles et l’évolution de leur coût à Paris depuis 1805. Ce dernier thème, rarement abordé, comprend les coûts financiers de l’énergie durant la période observée, les coûts d’investissement, de transformations successives, de l’emploi lié aux activités, en matière de santé… Nous savons, comme architectes, que si les coûts d’installation d’équipements sont importants dans les décisions de prescription, les coûts d’exploitation ont en revanche longtemps été laissés de côté.
Nous chercherons à mettre en relation les éléments réunis sur le coût de l’énergie à Paris aux XIXe et XXe siècles avec les inventions et évolutions techniques réalisées à la même époque. Parmi ces inventions, on peut citer le chauffage central (à air, à eau, à vapeur, mixte), les radiateurs, l’industrialisation des poêles et des poêles-cheminées, l’amélioration des éclairages à huile, l’éclairage au gaz, l’éclairage électrique, le chauffage urbain, le chauffage électrique.
Nous avons pu constater que lors de certaines périodes particulières, comme les guerres ou les crises économiques majeures, les pénuries des différents combustibles et énergies favorisent la flambée des prix mais stimulent également les inventions et améliorations techniques, ainsi que les approches théoriques. Dès la Première Guerre mondiale, ces inventions concernent l’amélioration des rendements des chaudières, des recherches sur la thermique du bâtiment (caractéristiques des matériaux et mise en place d’isolants, calcul de dimensionnement des installations, données géographiques et d’ensoleillement).
Les formations professionnelles, la constitution d’un champ théorique spécifique (congrès internationaux, publications professionnelles) sont également concernées, ainsi que, parfois, l’organisation du travail autour des chaufferies.
Aujourd’hui, la connaissance de ces démarches historiques d’épargne dans l’amélioration du confort peut être une source d’inspiration. Les Trente Glorieuses ont créé de telles ruptures dans les manières de consommer que l’on a perdu la conscience des nécessités de contrôle des coûts.
Participation au programme de recherche Ignis mutat res, session 1 :
Des profondeurs de la cave à la canopée : historique et prospective des politiques énergétiques d’une capitale économe – 1770-2050
Responsable scientifique : Emmanuelle Gallo
Membres de l’équipe : Morgane Colombert, Youssef Diab, Mathieu Fernandez, Vanessa Fernandez, Linnéa Rollenhagen-Tilly, Philippe Villien, Samaher Wannous.
Emmanuelle Gallo
Emmanuelle Gallo est architecte, docteure en histoire de l’art (histoire du chauffage en France sur la longue durée) et chercheure associée du laboratoire Ipraus Ensa Paris-Belleville, UMR AUSser CNRS 3329. Elle a exercé l’architecture, enseigne l’histoire de l’architecture et de la construction. Elle publie et participe à des publications collectives concernant ces domaines, réalise des études historiques pour François Chatillon, ACMH, participe à des recherches institutionnelles dont Ensembles urbains 1950-1970, Neuf campus français 1950-1980, responsable scientifique de l’équipe HPCE, Ignis mutat res 2011 (http://www.emmanuellegallo.net)